Leurs corps impatients
2020Au fil du temps apparaissent de nouveaux personnages. Les garçons sont essentiels dans ces histoires estivales. Ceux-là habitent la banlieue parisienne, ils s’appellent Anthony et Ben. En périphérie, les copains et copines gravitent.
Les animateurs veillent, leur présence se fait discrète. Finalement, sur cette scène de théâtre estivale, ils finissent par disparaître. C’est entre les jeunes ados que se jouent les scènes principales. Il y aura parfois des drames ; qu’importe, seuls les bons souvenirs persisteront. Envolés échappés sentiments et personnalités. Elles se sont senties libres comme jamais cet été. Il est question de retrouvailles italiennes à Noël. Peut-être. Peut-être pas. Elles savaient depuis le début que tout cela ne durerait pas. Au temps présent plus que jamais, elles vivraient et se quitteraient.
Rien ne prédestinait à ce que ces jeunes se rencontrent, se frôlent et peut-être s’aiment, et c’est toute la beauté de cet espace et du temps qui lui est associé : rassembler toutes les jeunesses qu’importent leurs origines, sociales ou culturelles.
Leurs corps impatients, c’est aussi la confrontation de la photographe que je suis au corps de Margharita. Qu’allais-je faire de cette sensualité ? Étais-je plus légitime qu’un confrère masculin pour photographier cette jeune femme ? Je me disais alors que les images trancheraient. Finalement, Margharita serait bel et bien le sujet, et non l’objet de ce récit. J’ai donc assumé et documenté cette liberté. Sa liberté.
J’ai aussi compris que c’était en regard de la timidité de Lou, de cet autre personnage encore mal assuré, de cette jeune femme incarnant une toute autre forme de beauté, que le personnage de Margharita pouvait prendre toute sa place, par contraste. La brune et la blonde. La réserve et l’exaltation. L’implosion imminente et l’explosion manifeste. Deux sujets pour deux états.
Aux antipodes de mes autres projets, Leurs corps impatients est une série feel good. Elle révèle et honore la puissance d’une jeunesse qui crie son besoin d’autodétermination et de liberté. Elle offre une échappée au plus près de corps en transition et d’esprits en formation.”