COMME UNE BRANCHE DE LAQUELLE
UN OISEAU S’EST ENVOLÉ
Résidence Le Carré d’Art (Réseau Diagonal),
avec le soutien du Centre Hospitalier Guillaume Régnier (Rennes),
dans le cadre de la politique culturelle de l’établissement.
2022 > 2023 - Vernissage le 11 mai 2023 au Carré d’Art (35).
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LE PROJET
Il y a trois ans, ma vie a pris une tournure étonnante. On m’a diagnostiqué une forme atténuée de bipolarité. Ce diagnostic a fait suite à quelques années d’errance médicale et quelques expériences psychiques étonnantes, auxquelles, bien sûr, je n’étais pas préparée. C’est cette expérience personnelle qui a donné naissance à ce projet.
Dans le domaine de la santé mentale, certains mots inquiètent plus que d’autres, peut-être car nous sommes rarement prêts à les entendre. Hôpital psychiatrique. Psychiatrie. Schizophrénie. Tentative de suicide. Etc. Ces mots font peur, en partie car ils sont chargés d’idées reçues et qu’ils renvoient à des espaces, des états et des gestes auxquels la majorité d’entre nous préfèrerait ne pas être confrontée. Ces mots existent notamment pour dire et penser un domaine scientifique au sein duquel beaucoup reste à faire pour soulager les personnes vivant avec un trouble psychique, ainsi que leurs proches. Ces mots témoignent de souffrances qu’il est parfois difficile de guérir, mais aussi de comprendre.
Dans le domaine de la médecine somatique, les médecins peuvent plus aisément circonscrire la maladie et la traiter avec des protocoles de traitement applicables le plus souvent à l’ensemble d’une catégorie de personnes. Dans le domaine de la psychiatrie, les soignants doivent individualiser chaque parcours médical et tenir compte de facteurs multiples et divers (histoire de vie, environnement, commorbidités, etc.) pour soulager ou guérir un patient. Mais pour faire ce travail, la psychiatrie a besoin de temps, et de cela, la psychiatrie en manque cruellement.
Plutôt que de détourner le regard, j’ai choisi de faire face aux réalités de l’hôpital et d’embrasser les parcours de personnes vivant avec un trouble psychique.
Durant plusieurs semaines, j’ai écouté et observé les clients d’un espace de sociabilité et de soin : la cafétéria de l’hôpital. Je me suis imprégnée de leurs expériences et de leurs particularités. Avec ces personnes, j’ai progressivement commencé à faire des images, des portraits et des détails, à l’hôpital.
Mon attention et ma réflexion se sont portées sur les corps. Consciente que l’expérience traumatique du corps (violences intrafamiliales ou conjugales, viol, etc.) peut être à l’origine des troubles psychiques. Lucide sur le fait que le corps est le réceptacle des conséquences des troubles du comportement alimentaire (anorexie, hyperphagie boulimique, etc.), des addictions, des pratiques d’automutilation, et qu’il souffre également des effets secondaires des traitements, j’ai souhaité mener une recherche pour interroger et regarder les liens entre les troubles psychiques et les expériences sensorielles, sociales et médicales des corps.
En parallèle, un corpus d’images abstraitres, faisant référence à l’iconographie scientifique est né. Ces images sont associés à des témoignages, récoltés durant ces six mois de résidence.


